Bonjour Benjamin. D’où vient l’idée de Petit Bambou ?

Benjamin Blasco : J’ai découvert la méditation en 2013 et cela a été une vraie révélation, à tel point que j’ai eu envie de partager cette expérience et même de démocratiser cette pratique. À l’époque, j’étais cadre au sein d’une célèbre entreprise de la tech, Paypal. J’étais très multitâche, comme l’impose souvent le digital, et j’ai ressenti un réel besoin de me reconnecter. La méditation m’y a énormément aidé.

Un besoin de fuir le digital… pour mieux le retrouver avec Petit Bambou ?

Benjamin Blasco : Je me suis effectivement assez naturellement tourné vers le support application. À l’époque, il n’existait pas d’applications de la sorte en France et j’ai moi-même appris la méditation en glanant les infos dans les livres, les enregistrements et les conférences.

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Alors, avec mon associé Ludovic, qui a créé le personnage de Petit Bambou, nous avons imaginé une application ludique et avons réuni une équipe d’experts de la méditation. Une fois lancée, Petit Bambou a reçu beaucoup d’échos positifs ainsi que de belles retombées presse. Aujourd’hui, nous sommes en pleine croissance, nous avons 2 millions d’utilisateurs et l’application sera bientôt disponible en allemand, en espagnol et en anglais.

Pourquoi avoir créé une application pour méditer ?

Benjamin Blasco : À la différence d’autres contenus très théoriques comme un livre ou une conférence, l’application Petit Bambou est très centrée sur la pratique. Cela s’observe dès le téléchargement. La première fois que vous ouvrez l’application, elle vous propose tout de suite une première séance.

Mais qu’est-ce que le format mobile apporte en plus ?

Benjamin Blasco : Eh bien, justement, il offre cette possibilité de mise en pratique et d’accessibilité à tout moment, parce que nous avons toujours un smartphone sous la main, dans les transports par exemple, ou encore au bureau. Or souvent dans la méditation, le premier obstacle que l’on rencontre, c’est le manque de temps. Le mobile aide à dépasser cette contrainte.

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Et de plus, il rend la pratique moins austère et plus ludique. Et c’est exactement notre parti pris depuis le début avec Petit Bambou.

N’est-ce pas contradictoire de méditer avec un outil aussi addictif qu’un smartphone ?

Benjamin Blasco : Ma philosophie ici sera celle du Parrain. « Il faut être proche de ses amis, et encore plus de ses ennemis ». J’évolue moi-même constamment dans le digital et je suis soumis à une vraie addiction. Je connais bien le sujet !

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Mais à mon sens, il s’agit plutôt de développer de meilleures habitudes et réflexes. Le problème, ce ne sont pas les technologies, mais la façon dont on s’en sert. Or, l’émergence des technologies est allée tellement vite que nous n’avons pas appris à les intégrer de façon sereine, dans un usage modéré. Alors certes, cela peut paraître paradoxal de passer par une application pour méditer, mais c’est en fait le meilleur moyen de construire une relation apaisée avec notre environnement numérique.

Alors, vous proposez un programme digital détox…

Benjamin Blasco : Tout à fait ! Ce sont 10 séances, conçues par Coco Brac de la Perrière, qui permettent de prendre conscience de sa dépendance par l’observation et la prise de distance, puis de mettre en pratique certains réflexes. Par exemple, on laissera sonner son téléphone trois fois avant de décrocher. On veillera à se relire tranquillement avant l’envoi d’un mail. La mise en place de ces nouvelles habitudes est très efficace. Parce qu’au fond, la méditation, ce n’est pas autre chose que du strechting, de la gymnastique ! Nous avons de très bons retours sur ce programme, il y a une prise de conscience généralisée.

Et votre avenir digital, vous le voyez comment ?

Benjamin Blasco : Ce que nous souhaitons, c’est faire disparaître la technologie au profit de l’usage, en réduisant un maximum les écrans pour éviter toute tentation. Ou du moins, faire en sorte que la technologie soit la plus légère possible. Je ne vais pas dire le contraire, il s’agit là d’une vraie complexité technologique pour rendre cela viable. Mais c’est possible. Actuellement, nous travaillons avec l’assistant vocal Alexa, l’idée étant de proposer à nos utilisateurs de se passer de l’interaction avec l’écran et d’utiliser l’application uniquement grâce au son de leur voix. Voilà, pour nous, l’avenir passera un peu moins au travers d’écrans !